
Mark Price – ancien directeur général de Waitrose et aujourd’hui auteur – s’apprête à porter plainte contre Meta. Il affirme que quatre de ses livres ont été utilisés illégalement pour entraîner des modèles d’intelligence artificielle, probablement via la bibliothèque pirate LibGen.
Sur la base d’un avis juridique, Price avance deux pistes d’action possibles :
- Vérifier si les données ont été traitées au Royaume-Uni, ce qui permettrait d’intenter une action en justice sur la base du droit britannique.
- Évaluer le degré de similarité entre les contenus générés et les textes originaux, ce qui pourrait indiquer une violation du droit d’auteur.
Il souligne que son cas n’est qu’un exemple d’un problème systémique qui pourrait concerner des milliers d’auteur·ices dans le monde.
Pourquoi cela concerne aussi les auteurs en France ?
Ce n’est pas la première fois que Meta – propriétaire de Facebook et Instagram – est accusée d’utiliser illégalement des contenus protégés pour développer ses technologies d’IA. Nous en avons parlé dans un précédent article intitulé L’IA se nourrit de livres piratés, analysant l’utilisation de données issues de LibGen.
Contrairement aux idées reçues, le problème ne touche pas uniquement les auteurs anglophones. Les modèles comme LLaMA sont souvent entraînés sur des corpus piratés comprenant plusieurs langues et genres. Grâce aux révélations du Atlantic, on sait que des œuvres de lauréats du prix Nobel et de nombreux best-sellers figurent parmi les textes utilisés.
Des auteurs français de renom – comme Annie Ernaux ou Michel Houellebecq – ont également vu leurs livres apparaître dans les ensembles de données utilisés pour entraîner ces modèles.
Quels recours juridiques pour les auteurs francophones ?
Les procès les plus médiatisés sont en cours aux États-Unis, en France et en Irlande du Nord. Mais, les auteurs français peuvent théoriquement se joindre à des actions collectives s’ils découvrent que leurs ouvrages figurent sur des sites comme LibGen. Price encourage tout auteur ayant des doutes à contacter.
Par ailleurs, des débats ont lieu en France autour de la régulation de l’utilisation des œuvres culturelles dans le cadre de l’IA. Le ministère de la Culture s’est saisi du sujet et plusieurs députés appellent à une législation plus claire.
Que faire en tant qu’auteur·ice ou éditeur·ice ?
Si vous êtes auteur, traducteur ou éditeur et que vous souhaitez vérifier si vos livres ont pu être utilisés :
- Consultez LibGen ou d’autres bibliothèques pirates pour voir si vos œuvres y figurent.
- Suivez l’évolution de l’affaire Mark Price – son équipe juridique est ouverte aux nouveaux contacts (e-mail : lordmarkprice@workl.com).
- Si vous dirigez un large catalogue, envisagez un audit numérique de vos titres.
- Soutenez les démarches pour une réforme législative en France et dans l’UE, garantissant une meilleure protection des auteurs face aux usages de l’IA.
Absence de consentement et mépris du droit d’auteur
Dans une lettre adressée à Mark Zuckerberg, Mark Price a exposé la situation et dénoncé fermement les pratiques de Meta. L’utilisation de livres – les siens et ceux de milliers d’autres – sans le consentement des auteurs, à des fins commerciales, est selon lui inacceptable.
Il affirme également que, d’après ses sources, Zuckerberg aurait personnellement donné l’ordre d’exploiter ces contenus pour entraîner les modèles d’IA. Cette lettre a été transmise au Premier ministre britannique ainsi qu’aux ministres chargés du commerce, de l’économie et de la propriété intellectuelle.
L’affaire prend de l’ampleur : environ cent auteurs ont déjà rejoint l’équipe juridique de Price. La question est désormais de savoir si d’autres pays, comme la France, suivront l’exemple britannique – et si les créateurs francophones défendront leurs droits.
Sources :